Cartographie mondiale des collaborations et initiatives de la société civile face au COVID-19
dans les quartiers populaires

Afin de faire face à l’urgence et imaginer collectivement un avenir post-pandémique, il est nécessaire de générer et de consolider un réseau mondial de solidarité et d’empathie. Ainsi, nous avons créé la campagne « Synergies pour la Solidarité » dans une alliance entre les organisations partenaires du projet COiNVITE du Development Planning Unit (DPU- UCL), la Coalition Internationale de l’Habitat (HIC), la Plateforme Globale pour le Droit à la Ville (PGDV), la Plateforme de Pratique de l’Habitat Urbain et du Logement (UHPH), l’Université Nationale de Colombie, l’Université des Andes et l’Université de Boulder et le groupe « Covid et Précarité ».

Les objectifs de cette campagne sont les suivants : 

  1. Rendre visible, analyser et connecter les initiatives qui émanent de différents secteurs et échelles de la société civile et qui cherchent à répondre à l’urgence dans les quartiers populaires.
  1. Générer des synergies et coordonner les efforts qui capitalisent sur la réponse immédiate pour promouvoir des alliances renouvelées qui propulsent l’amélioration intégrale des quartiers centrés sur les soins et la dignité.

Dans la première phase du processus, nous nous sommes concentrées sur la région de l’Amérique latine pour la collecte et l’analyse des données. Après deux mois de collecte de données, de réception de dossiers et d’affinement des informations, nous voulons partager les premiers résultats et soulever quelques prémisses pertinentes en ce qui concerne les soins et le rétablissement post-pandémie.
Pour ce faire, nous nous appuyons sur les données fournies par les 205 initiatives enregistrées, qui sont principalement situées au Brésil, en Colombie et en Argentine.
 

Les villes d’Amérique latine se sont construites avec du temps, avec leurs habitants et avec des réseaux de solidarité et d’énergie créative. Pendant la pandémie, ce processus n’a pas changé. Les premiers résultats montrent que 41% des initiatives sont de nature de quartier ou de district et que 28% sont des initiatives à l’échelle urbaine. La réponse des citoyens s’est concentrée sur les initiatives des réseaux de solidarité pour la survie, dont 37 % se concentrent sur le maintien, l’expansion et la création de soupes populaires, de marmites communautaires ou de travaux collectifs où le rôle des femmes dans le travail de soins est fondamental. Ensuite, suivent 34 % des initiatives documentées sur les campagnes d’éducation à l’hygiène et à la santé publique. 

Ainsi, ces initiatives utilisent les réseaux de solidarité pour la prévention et les médias communautaires pour la diffusion de messages éducatifs par le biais de la musique populaire locale, la production et la distribution de brochures et de matériel de santé.
Un thème transversal est le rôle des technologies de l’information dans la génération et la visibilité des données provenant des quartiers informels avec des initiatives telles que Caminos de la Villa à Buenos Aires ou les Redes da Mare à Rio de Janeiro. Cela met en évidence le défi de la fracture numérique et des données citoyennes, et implique d’élargir l’accessibilité aux médias numériques, qui sont essentiels à la reconnaissance et à la mobilisation sociale.   

Ces résultats partiels étayent les prémisses pour une action coordonnée face à l’imagination collective pour créer des villes plus justes au temps de la post-pandémie:

 

  • La connexion et l’alliance avec les dirigeant.e.s et les organisations territoriales de base est une condition initiale pour une réponse efficace et un rétablissement qui donne la priorité aux systèmes de soins. 
  • S’orienter vers une société de soins, en reconnaissant le rôle des femmes en tant que dispensatrices de soins au sein du foyer et de la communauté (Plateforme Globale pour le Droit à la Ville, 2020). 
  • Face à la pandémie, il est impératif d’apprendre au sein des organisations et de promouvoir des alliances stratégiques pour protéger et prendre soin de la vie de toute la population et en particulier des groupes les plus vulnérables.
  • Garantir la participation de la société civile à la conception, à la mise en œuvre et à l’évaluation des réponses à cette urgence, cela est fondamental à mettre en place sur le long terme.